Leila

Il y a quelques années, Céline Servat et Guillaume Coquery avaient publié le recueil Au-delà de nos oripeaux. J’avais particulièrement aimé la nouvelle Parce qu’on vient de loin. Je suis très heureuse que l’auteur ait creusé cette histoire pour la développer et nous offrir Leila.

Captive, Leila ignore pourquoi elle est là et qui sont ces hommes qui l’interrogent. Elle va alors tout raconter, de sa jeunesse au Rwanda à ce dangereux périple en Mauritanie.

Petite file tutsie, elle sera l’une des innombrables victimes du génocide. Elle a survécu mais son corps garde à jamais les séquelles de la barbarie. Recueillie et adoptée France, elle est devenue avocate et travaille pour l’Unicef, tentant d’oublier ces nuits peuplées de cauchemars issus de son passé.

Leila est peut-être captive mais c’est elle qui va imposer son rythme dans ce récit. C’est son histoire, c’est à elle de donner le tempo.

Contre l’avis de sa hiérarchie et de ses proches, Leila va creuser la piste d’un organisme qui œuvre en Mauritanie. Son instinct et son besoin de savoir vont la conduire dans ce pays, seule, sur la piste qu’elle suit.

Une aventure qui va vite s’avérer dangereuse dans ce pays aux antipodes de sa culture et de ses valeurs.

J’ai mis un peu de temps à rentrer complètement dans l’histoire de Leila. L’auteur laisse le temps à son héroïne de nous présenter cette intrigue et de nous donner de nombreux détails sur l’histoire du Rwanda, la Mauritanie, sur les langues et la culture de ce pays. C’est riche, intéressant mais du coup le rythme de départ est un peu plus lent.

Mais petit à petit l’intrigue gagne en intensité et on rentrer pleinement dans le récit de Leila. A partir de là, on ne lâche plus le fil de cette histoire que l’on dévore jusqu’à la fin.

Un livre prenant, qui nous offre une histoire passionnante mais aussi une plongée en Afrique. A quelques heures de chez nous et pourtant si différent. Un choc culturel pour Leila malgré ses origines, et surtout l’incompréhension qu’a notre époque existe toujours des sociétés fondées sur le racisme ou l’esclavage, que l’argent et le pouvoir soient toujours les plus forts et qu’une vie humaine ne pèse pas bien lourd face à ça.