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Hubertine Auclert Journal d’une suffragiste


Édition présentée par Nicole Cadène

Gallimard


Merci à l’opération masse critique de Babelio pour cette passionnante découverte.


J’ai vraiment apprécié la découverte d’une femme que je ne connaissais absolument pas, Hubertine Auclert. Et pourtant, en tant que femme, je me devrais de la connaître. Elle n’a cessé de lutter toute sa vie, agir et revendiquer la cause des femmes et en particulier le droit de vote. Elle est même considérée comme l’initiatrice du terme de féminisme à partir de 1882.

Elle ne verra malheureusement jamais les fruits de son combat en mourant quelques semaines avant la grande manifestation suffragiste dont elle rêvait le 5 juillet 1914.

Une initiatrice méconnue de la lutte pour le droit de vote accordé aux femmes. Elle a donné le jour à des combats qui seront largement repris par d’autres par la suite. C’est très intéressant de découvrir ou redécouvrir cette femme.


Dans la première partie du livre, Nicole Cadène nous relate la genèse de cet ouvrage. Le journal tenu par Hubertine a visiblement disparu, et les différentes copies qui en ont été faites aussi. Pourtant, ces dernières vont finir par réapparaître. Le fruit d’un long labeur et d’une obstination sans failles qui permettra non seulement de retrouver ces copies mais aussi de retrouver des pages supplémentaires de ce fameux journal.

Nicole Cadène va nous relater son travail de recherche mais aussi nous expliquer le contexte, la vie de cette femme, ses aspirations...


La seconde partie nous livre la retranscription du journal de Hubertine Auclert, du mieux possible, avec des mots manquants qui n’ont pu être déchiffrés et sûrement des pages qui ont disparues avec le temps.

On y découvre l’intimité de cette femme, ses pensées personnelles, ses joies mais aussi ses désillusions.

C’est un journal personnel, d’où un style très à fleur de peau. Ici on ne cherche pas les belles phrases ou les effets de styles, mais juste une retranscription de ses pensées, de ses états d’âme.

Des pensées sans filtre où l’on découvre intimement cette femme.


La troisième partie nous livre des articles de journaux écrits par Hubertine. Ici le style est plus travaillé, beaucoup plus net et impactant. Les thèmes développés sont très intéressants et nous dépeignent cette société qui exclue et exploite les femmes. Ces dernières n’ont aucun droit, soumises à la loi de et pour les hommes. Elles n’ont pas le droit de travailler pour gagner leur vie, et les quelques emplois autorisés (ouvrière, lingère) sont sous payés et ne leur permettent pas de vivre. La prostitution est le lot de nombreuses femmes comme unique moyen de survie pour elles et leurs enfants.

Le ton est ici résolument plus dénonciateur que dans le journal intime. On est dans une vraie affirmation, une démonstration de l’inacceptable.

Cette partie est riche et très instructive. On a une peinture de la condition de la femme et de l’importance que revêt le droit de vote pour les femmes, de la prise en compte de leurs voies, de leurs existences. Celui-ci n’arrivera d’ailleurs que bien tardivement, en 1944 (pourtant en 1919 le parlement avait voté pour mais le Sénat avait bloqué le projet de loi).


Enfin le livre se termine par une impressionnante liste de sources. De quoi trouver de quoi de documenter sur le sujet.




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