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Ils étaient vingt et cent…

Stanislas Petrosky

Évidence Éditions


Merci à la maison d’édition pour sa confiance renouvelée et toujours plus de belles découvertes livresques.


Gunther fête ses 99 ans dans une paisible maison de retraite française, bien loin de sa jeunesse… Gunther est né en Allemagne en 1920, et a vécu l’horreur de la seconde guerre mondiale et de ses atrocités dans un camp de concentration.

Il ne sera pas un soldat nazi mais devra contribuer à la grandeur de l’État allemand souhaitée par le Adolf Hitler. Il participera, sans trop savoir ce que cela allait devenir à la construction du camp de Ravensbrück, qui deviendra le centre de détention de femmes le plus important du pays.

Le jeune homme travaillera dans ce camp malgré son aversion pour le traitement réservé à ces femmes. Mais cela lui évite au mois de devoir aller au front. Alors il ferme les yeux et fait ce qu’on attend de lui.

Il a honte de ce qu’il voit dans ce camp, honte de son inaction et de sa lâcheté. Pourtant ces carnets de dessins qu’il noircit depuis son arrivée sont peut-être la solution, le témoignage des horreurs commises sur ces femmes. Les nazis verront cela comme un hommage triomphal de leur œuvre et le nommeront illustrateur officiel de Ravensbrück.


Ce livre nous plonge dans le quotidien d’un homme pris dans l’insoutenable, l’inacceptable. Il n’adhère pas à ce qu’il voit mais n’a pas non plus le courage et la force de s’opposer à tout cela. Il est conscient de sa faiblesse et la résume parfaitement bien : « Bien sûr, le salut ne viendrait pas de gens comme moi, je ne ferai jamais partie des libérateurs, armes au poing. Mon rôle était tout trouvé : aider les survivantes à témoigner pour que cela n’arrive plus. »

Mais qui sommes nous pour juger cet homme englué dans cette situation qui le dépasse, face à des actes inimaginables. Car se rebeller dans ce camps signerait immédiatement son arrêt de mort et ne viendrait pas plus en aide à ces femmes.


L’auteur nous plonge littéralement dans l’intimité du camp au travers les yeux de son personnage principal. Avec lui on assiste à la mise en place de ce camp et à toutes les horreurs qui seront faites aux femmes qui ont le malheur d’y avoir été emmenées. Et l’on a beau savoir que l’ignominie a atteint des sommets pendant la seconde mondiale, on ne cesse d’être sidéré par l’inventivité des hommes en matière de torture.

Les scènes auxquelles nous assistons sont dures, décrites simplement mais brutalement comme l’ont été ces actes. Ces femmes ne sont plus des êtres humains, juste des corps destinés à servir ceux qui les gardent: amusement, défouloir, travailleur sans limite, sujet d’expérimentation… Leur vie n’a plus d’importance, leur mort n’en aura pas plus.

Femmes, hommes, mais aussi enfants et même bébés, nul n’est épargné par la barbarie nazie que certains pousseront à son paroxysme.


Ce livre est à la fois une lecture coup de cœur et une lecture choc. On est à la fois horrifié par ce que l’on lit et pris dans cette lecture que l’on dévore.

La plume de l’auteur n’y est pas étrangère et sait nous immerger dans cette noirceur tout en préservant quelques éclaircies, un bel hommage à ces anonymes qui ont vécu ces atrocités, à tous ceux qui ont péri, à ceux qui ont survécu, à ceux qui ont œuvré avec leurs moyens…

La notion de témoignage évoquée dans ce roman est importante. Nous savons aujourd’hui ce qu’il s’est passé, et surtout nous ne devons jamais oublier ni banaliser les actes commis pendant cette période noire de notre histoire.


Une superbe lecture à découvrir.



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