Jérôme Idelon
Éditions Ex Æquo
Merci à la maison d’édition pour cette très belle découverte.
Théo a 26 ans et cache sa timidité derrière l’exubérante Marcusine, le personnage qu’il joue tous les jours au cabaret. A sa façon il a deux faces opposées : le timide garçon et l’ensorcelante transformiste cohabitent en lui. Il porte en lui la souffrance de sa mère disparue depuis ses 10 ans. Il va alors ressortir ses cahiers d’enfants et exhumer son passé.
Théo est un tout jeune enfant qui vit avec sa maman. Une maman fantasque, imprévisible, handicapée par une sérieuse bipolarité.
Ses écrits vont nous livrer sa vie avec sa mère, des moments de grand bonheur aux affres de la folie.
Nous voilà donc en compagnie du jeune Théo qui vit seul avec sa mère depuis que son papa est mort en mission dans l’armée. Si jeune et déjà si lucide sur ce qui l’entoure! Le chagrin de sa maman qu’elle noie dans l’alcool, la télévision et le télé-shopping, sa douleur de petit garçon mais aussi sa force qu’il veut démontrer pour aider sa maman.
Les mots sont simples, à l’image de l’âge de celui qui écrit, mais aussi empreints d’une sagesse et d’une lucidité qui feraient pâlir d’envie bien des adultes.
Un quotidien plein de folie et d’amour. Tout est exubérant, vécu avec une intensité maximale: les pleurs deviennent des mares, les joies des nuits sans fin de danse... Une maman prise dans les affres de la bipolarité, vivant intensément chaque émotion, entraînant dans sa folie son petit garçon.
L’écriture est très belle, usant souvent de jeux de mots habiles, nous entraînant nous aussi dans cette folle vie. Le petit garçon qui écrit ne met pas de mots sur la maladie de sa maman, il nous la raconte simplement. Son âge emmène son lot de quiproquos et d’incompréhension parfois. Dans ces cas là on a le sourire aux lèvres, un joli sourire bienveillant et attendri pour ce petit garçon et sa maman.
Il partage avec elle cette vie extravagante où chaque jour est une surprise. Et surtout il vit les émotions au travers de sa mère. Des émotions XXL, de vraies montagnes russes! Et même s’il ne le montre pas, tout cela entraîne beaucoup de souffrances chez ce petit garçon.
Une phrase résume avec douceur et poésie la vision de cet enfant pour sa maman qu’il aime mais dont il n’ignore pas les failles : « Maman a demandé un café frappé. C’était la boisson qui lui ressemblait le plus : un glaçon givré enrobé d’une douce folie. »
Un vrai coup de cœur pour ce livre à la fois tendre et dur. Tout au long de la lecture s’invite une palette d’émotions. On a parfois le sourire, parfois la larme à l’œil.
Le choix de traiter cette histoire au travers le égard d’un enfant donne beaucoup de sensibilité et de douceur à cette histoire. Le tout est servi par une magnifique plume qui manie les mots et la poésie avec brio.
Pour retrouver ce livre, c’est par ici https://editions-exaequo.com/lenvol-du-flamant-rose-idelon
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