Sophie Mancel-Hainneville
Éditions Ex-aequo
Merci à l’auteur pour sa confiance.
J’avais découvert l’année dernière Tuez-les toutes que j’avais adoré. C’est avec un grand plaisir que j’ai lu cette suite des aventures de la Capitaine Ève Milano et de son adjoint Philippe Tavel.
Le prologue donne direct le ton du livre avec cet orphelinat albanais où croupissent les enfants dont personne ne veut. Pour les plus chanceux, ils seront achetés par de riches familles en manque d’enfant, pour les autres ce sera direction les enchères sur le Dark Web.
Direction Bordeaux maintenant où Eve Milano va tenter de reprendre pied en revenant sur les terres familiales. Elle quitte Paris et les douloureux souvenirs de son mari Hugues et de son fils Adrien.
Sur place, les policiers et les gendarmes ne vont pas chômer. Au programme des réjouissances une série de morts violentes qui semblent liées à la mafia albanaise, un charnier de corps d’enfants mis à jour et un jeune garçon enlevé par son père.
Petit à petit, les connexions entre les différentes enquêtes vont se mettre en place et faire la lumière sur un trafic international des plus abominable.
Un livre qui va droit au but. Dès le premier quart du livre, l’auteur a déjà assassiné 3 personnages, déterré 6 corps d’enfants.... On se demande comment ça va finir!
Comme le premier roman, ce livre n’hésite pas à aller dans le sordide. Mais quand on traite d’un sujet où les enfants sont les victimes, il est difficile de faire du light.
Plusieurs histoires parallèles sont menées de front, liées les une aux autres même si le lien n’apparaît que plus tard. Il faut être attentif pour garder le fil de l’histoire et ne pas se perdre dans les personnages.
Le roman va très vite et à la moitié du livre on a plus ou moins les tenants et les aboutissants de cette enquête. La suite va permettre aux enquêteurs de relier les fils et de tenter de démanteler cette sordide organisation.
L’histoire est prenante, complexe mais j’avoue que je trouve que l’on a un peu trop vite les informations. J’aime être surprise et menée en bateau par les auteurs. A ce niveau là, Tuez-les toutes est plus riche pour moi.
Écrire un thriller où les enfants sont les victimes n’est pas une chose aisée. Le sujet est sensible et nous touche au plus profond de nous. C’est d’ailleurs ce que vivent les enquêteurs sur cette enquête qui bouleverse leur vision du monde.
Si il faut éviter de tomber dans le trop hard ( en tout cas à mon goût), il ne faut pas non plus sombrer dans la niaiserie au risque de perdre en crédibilité.
L’auteure a parfaitement su relever le défi tout en proposant une intrigue de qualité.
On va suivre toutes les ramifications qui gangrènent notre monde, de l’Albanie où sévissent les parrains au monde où leurs lieutenants exécutent toutes les basses œuvres. L’histoire est terrifiante, et très réaliste. Une mafia opportuniste et puissante qui ne recule devant rien pour s’enrichir et assoir sa domination.
Le personnage d’Eve est très intéressant à suivre. Dans Tuez les toutes on avait partagé avec elle sa douleur d’avoir perdu son mari et son enfant. Dans ce livre elle traîne toujours cette souffrance en elle mais on en découvre aussi plus sur sa famille, ses premières failles.
Alors qu’elle tente de tirer un trait sur l’affaire qui a fait exploser sa famille, ses souvenirs vont commencer à ressurgir.
Ce livre nous plonge plus intimement dans le personnage et on découvre cette femme forte, malmenée par la vie mais qui a toujours su rebondir. Mais ces épreuves ont aussi forgé une carapace sur le personnage.
Eve Milano me fait beaucoup penser au personnage d’Éloïse Bouquet de Céline Denjean. Des femmes fortes, passionnées par leur métier et reconnues, mais que l’auteur n’hésite pas à malmener dans ses livres.
On suit ce personnage sur des enquêtes et des livres indépendants mais il vaut mieux les lire dans l’ordre si on veut suivre l’évolution de l’héroïne.
Et je pense qu’on retrouvera Ève car la fin nous livre un rebondissement personnel qu’on a hâte de suivre.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, même si je garde quand même un plus gros coup de cœur pour Tuez-les toutes.
La plume de l’auteure est vive, dynamique et nous livre une histoire de plus de 400 pages sans temps morts.
Une auteure dont j’ai hâte de lire à nouveau la plume.
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