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Mozambique pour que ma mère se souvienne

Manuela Gonzaga

Le poisson volant éditeur


Très heureuse d’avoir pu découvrir ce livre dans le cadre de l’opération masse critique de Babelio.


Dès le début j’ai été séduite par cette couverture qui nous transporte aux confins de l’Afrique, par ces couleurs pastels et cette vieille photo empreinte de nostalgie.

C’est aussi l’occasion pour moi d’en apprendre plus sur le Portugal et sa société. Ce pays a beau être proche physiquement de la France, je connais peu son histoire et son passé. J’ai eu l’occasion de découvrir Porto et Lisbonne, deux très jolis souvenirs.


Dans ce livre, l’auteure et journaliste Manuela Gonzaga va se plonger dans son enfance et adolescence pour faire revivre les souvenirs de sa mère qui s’effacent petit à petit au profit de la maladie.

Une plongée dans les souvenirs qui finira pas être publiée, pour le plus grand bonheur de sa mère et de ses propres enfants qui ignoraient tout de l’enfance exotique de leur mère.


Dès les premières lignes, on est séduit par la plume de l’auteure. Une écriture passionnante, précise, qui nous livre à la fois les événements mais aussi les émotions, les couleurs, les odeurs... On revit avec elle cette échappée africaine.

On va dès le début du livre quitter le strict et austère Portugal dirigé d’une main de fer par Salazar. Direction l’empire colonial de ce pays et plus particulièrement le Mozambique. Ce territoire, ancienne terre d’exil pour les criminels et les exilés politiques, est devenue par la suite une colonie qui n’accèdera à son indépendance qu’en 1975.


Cette jeune fille va passer de la sévère et dure métropole à la fière, tonitruante, tumultueuse, colorée, exotique et audacieuse Afrique.

Pourtant, dans ces années soixante, l’empire colonial est déjà fragile et le pays va connaître de nombreux conflits opposants l’armée portugaise à la rébellion locale.

Manuela va nous faire vivre au travers d’anecdotes personnelles la vie, les rencontres, les bouleversements qu’ont vécu ces portugais vivant à des milliers de kilomètres de leur pays d’origine.


Comme dans tous les empires coloniaux, le Portugal s’est largement servi dans les richesses du Mozambique, envoyant en métropole tout ce qui pouvait rapporter sans contreparties.

Une situation intenable et injuste quand on nous rappelle que jusque dans les années soixante-dix, seuls 1% des noirs étaient dits assimilés, c’est à dire qu’ils avaient accès à la nationalité qui donnait droit entre autre à la scolarisation des enfants.

Un sentiment d’injustice d’ailleurs partagé par des colons, notamment les jeunes et les étudiants.


Ce livre est aussi un magnifique hommage aux femmes libres et autonomes à une époque où elles étaient écrasées par le poids de l’église et l’autorité des hommes.

D’abords sa mère qui va partir accompagnée de ses quatre enfants pour le Mozambique où elle a obtenu une mutation. Un vrai défi, une volonté de fer et une envie de liberté magnifique.

Elle prendra aussi la décision plus tard de se séparer de son mari malgré la pression sociale et les considérations « bien pensantes ».

Elle aura sûrement transmis cet amour de la liberté à sa fille qui refuse de céder aux pressions qui voudraient la marier. Elle préfère étudier, travailler pour s’assumer et vivre sa passion sans se soucier des convenances.


Bref, une lecture passionnante qui mêle le vécu aux précisions historiques (j’avoue que parfois j’ai même trouvé qu’il y avait un peu trop de notes en bas de page, mais après tout je ne suis pas obligée de tout regarder).

Une vraie découverte pour moi, plus habituée aux livres traitant de l’empire colonial français ou britannique.



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